En Grèce, la culture de la vigne est synonyme de Culture, celle des hommes  » civilisés  » qui savent exploiter la terre et cultiver ses fruits avec la bénédiction des Dieux. Comme l’olivier ou le blé, la vigne est un cadeau divin qui désigne un peuple élu, chargé d’une mission civilisatrice. Le vin est omniprésent dans la littérature. Il inspire de nombreux mythes animés par Dionysos et son cortège (composé de Pan, de Silène, de nymphes, de ménades, de satyres et de centaures).Les grands crus grecs sont réputés tout autour de la Méditerranée. Source de plaisirs, le vin est aussi un poison mortel qu’il convient de doser, de diluer en le mélangeant à de l’eau. Le récipient utilisé à cet effet, le cratère, grand vase à deux anses, est l’emblème de la culture du vin en Grèce.Né de la cuisse de Zeus uni à Sémélé, Dionysos apporte le vin aux peuples qui ne le connaissent pas encore. Il parcourt la Méditerranée avec son joyeux cortège de satyres et de ménades au son d’ “évohé”, “à boire” ! De tous les Dieux de l’Olympe, Dionysos est le plus proche des hommes et de leurs défauts ! Du vin, il incarne à la fois les plaisirs et les excès : à l’image du buveur, il peut se montrer violent, difficile à maîtriser. La vengeance qu’il réserve à ceux qui l’ont offensé est terrible. Pour l’avoir rejeté, le roi Lycurgue périt étouffé par la vigne. Les orgies qu’il préside entraînent des dérives sanguinaires : Orphée et le roi Penthée, qui refusaient de reconnaître sa suprématie, furent mis en pièces par des ménades. Amphore à col avec cortège dionysiaque, Grèce, Céramique attique, VIe siècle av. J.-C., Musée Vivenel, Compiègne. Chez les Grecs, qui le placent à l’origine de leur civilisation, le vin est aussi perçu comme un danger. L’ivresse s’attaque aux principes fondateurs de la cité : la loi, l’ordre et la modération qui permettent aux citoyens de vivre en démocratie. Sa consommation est réglementée. Sur la voie publique, elle n’est tolérée que dans des occasions particulières, comme dans les Dionysies, processions annuelles dédiées au Dieu du vin. En privé, le vin est bu au symposium, la  » fête du boire ensemble  » qui réunit les buveurs après les repas. Il se déroule selon des règles précises, destinées à contrôler les effets de l’ivresse. D’abord réservé à l’aristocratie, ce passe-temps résolument bourgeois et masculin se pratique couché sur des litières (klinés), rangées le long des parois d’une pièce. L’égalité entre les convives est symbolisée par un grand vase (cratère, lebes, stamnos) qui trône au centre de la fête. On y mélange le vin et l’eau dans des proportions fixées d’un commun accord entre les convives. Puisé à l’aide de louches (simpulum), le breuvage est servi à parts égales dans des vases à boire de différentes formes (skyphos, canthare, kylix, phiale, rhyton). Somptueux services à boire, mobiliers et étoffes de prix, peintures murales, essences parfumées, dialogues philosophiques, jeux de sociétés et prostituées contribuent ensemble aux jeux du corps, des yeux et de l’esprit.